Qui peut devenir psychanalyste ?

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(1) 19/09/2016 14:20h
Qui peut devenir psychanalyste ?

En Espagne, comme dans la plupart du monde occidental, la législation actuelle exige, pour se former en psychanalyse, d’avoir auparavant suivi des études de psychiatrie, ou de psychologie clinique.
 
Ces études garantissent une connaissance de base suffisante de la psychopathologie, le diagnostic différentiel, le fonctionnement du cerveau, la psychopharmacologie, les méthodes de recherche, les possibilités de traitement, et la psychologie sociale, tous essentielles pour l’exercice clinique.
 
Mais cela n’est pas suffisant. Pour approfondir ses études et devenir psychanalyste, certains traits de personnalité sont indispensables. S’ils ne sont pas nécessairement pleinement affirmés au début de la formation d’un analyste, ils doivent impérativement être présents sous forme d’esquisse à développer.
 
Ceux qui souhaiteraient se former en psychanalyse à Madrid, à l’Associación Psicoanalítica de Madrid, passeront par des entretiens où ces qualités seront évaluées, ainsi que la profondeur de la connaissance de soi acquise au long de l’analyse personnelle.
 
Alors, quels sont ces traits ?
 
L’honnêteté émotionnelle et intellectuelle :
 
L’honnêteté du psychanalyste se décline sur deux versants, l’honnêteté émotionnelle dans le traitement du patient, et l’honnêteté intellectuelle vis-à-vis des théories psychanalytiques.
 
Toute psychanalyse et psychothérapie psychanalytique repose sur la recherche de la vérité intérieure du patient, quelle qu’elle soit. Cela comporte une exigence d’honnêteté de la part du patient, mais aussi du psychanalyste : d’un côté il doit pouvoir reconnaître qu’il n’est pas infaillible peut commettre des erreurs, et, d’un autre côté, il doit être prêt à faire face à tout ce qui pourra advenir pendant un traitement, même si cela lui est inconfortable –– l’analyse n’est pas un austère exercice intellectuel et il est probable que de fortes émotions apparaissent tôt ou tard.

Bien que l’analyste, en ne parlant pas de lui-même, protège le patient de toute interférence, il lui faut être réceptif à ce qu’un patient peut susciter en lui au long d’un traitement car c’est là une source précieuse d’information sur le fonctionnement intérieur du patient, et cela peut indiquer la nature des rapports que le patient établit avec les personnes importantes dans sa vie. Cette réceptivité de la part de l’analyste demande une honnêteté fondamentale par rapport aux émotions, pour les affronter sans les fuir, ni les agir. Inutile de dire que cette même honnêteté de base sera le garant de l’éthique professionnelle du psychanalyste, éthique qui interdit toute utilisation du patient et qui constitue le socle du cadre thérapeutique. 

En ce qui concerne l’honnêteté intellectuelle, commençons par le fait que la psychanalyse est une discipline d’une grande richesse et diversité théorique. Depuis ses débuts, les apports des analystes travaillant avec des enfants, des groupes, des familles et certaines pathologies nous ont beaucoup appris sur le fonctionnement psychique, mais ceci a aussi considérablement complexifié le champ et il reste encore de nombreuses zones d’ombre qui demandent davantage de recherches approfondies. 

Cela requiert non seulement une attitude ouverte et critique envers les nouveaux développements, mais aussi une approche prudente envers le travail clinique, où, comme dans toute discipline scientifique, il faut faire attention à ne pas chercher exclusivement ce que l’on veut trouver (un biais très commun), mais rester ouvert à des découvertes inattendues qui peuvent venir contredire nos hypothèses. Cette honnêteté intellectuelle repose sur la reconnaissance modeste de tout ce que nous ignorons, et cela nous protège de la tentation de rapidement combler nos lacunes par des idées préconçues.

L’empathie :
 
Quiconque souhaiterait devenir psychanalyste devra avoir une sensibilité à la souffrance humaine. L’empathie signifie pouvoir sentir avec l’autre ce qu’il ressent, elle implique une résonance émotionnelle, une capacité à se laisser toucher par les autres, à pouvoir imaginer comment ils se sentent. Elle est parfois confondue avec une correspondance exacte entre les expériences de celui qui souffre et celui qui est empathique, ce qui, si c’était les cas, limiterait gravement notre compréhension des autres car notre expérience personnelle est limitée. 

Les êtres humains sensibles peuvent sentir et imaginer bien au-delà de leur expérience personnelle. Cela dit, ceux qui n’ont jamais souffert, ou qui ne se sont jamais permis de ressentir la douleur émotionnelle, auront du mal à être empathique. Le futur psychanalyste sera souvent celui qui, enfant ou adolescent, écoutait naturellement les autres, les consolait, était sensible à leurs besoins. Cette base empathique est profondément travaillée pendant la formation du psychanalyste afin de pouvoir être suffisamment proche du patient pour le comprendre, tout en sachant maintenir une distance suffisante pour ne pas se confondre avec lui. C’est un équilibre dynamique qui change avec chaque patient, pendant chaque séance, et demande de la sensibilité et de la souplesse.

La curiosité :
 
La psychanalyse repose sur l’observation clinique, maintes fois constatée, que la recherche de la connaissance émotionnelle approfondie de soi-même libère l’individu de sa souffrance. Pour que cela puisse avoir lieu, il faut une méthode de travail –l’association libre chez le patient, l’écoute librement flottante chez l’analyste– appliquée dans un cadre stable qui crée les conditions nécessaires pour que cette recherche puisse être rigoureuse. Le psychanalyste est un chercheur : il doit en avoir la curiosité, le désir de connaître, de découvrir, de comprendre. Celui qui souhaite devenir analyste doit être une personne naturellement curieuse et probablement bien au-delà des domaines de la psychanalyse, quelqu’un qui s’intéresse à beaucoup de choses. 

La curiosité, parfois appelée pulsion épistémophilique, est un formidable moteur du travail analytique –– nombreux sont les auteurs qui ont parlé de la beauté et des surprises qu’offre le métier d’analyste, le privilège d’avoir accès aux passionnants labyrinthes en trois dimensions du fonctionnement mental. Cette curiosité est également essentielle pour que le patient puisse s’identifier à une attitude de recherche et d’intérêt vis-à-vis de lui-même, vouloir comprendre ce qui se passe en son intérieur, arriver au bout des choses. Car l’analyse est bel et bien une recherche à deux : l’un fourni le matériel, l’autre guide la recherche, et les deux travaillent ensemble pour la compréhension. La curiosité est à l’origine de toute découverte scientifique, de tout progrès, c’est elle qui nous permet de sortir des ténèbres.

L'intelligence :
 
Le métier de psychanalyste ne demande pas d’être un génie, certes, mais il ne saurait s’exercer correctement sans une certaine intelligence. Mais, de quelle intelligence parle-t-on ? L’intelligence suffisante pour comprendre les théories psychanalytiques –souvent fort sophistiquées– en profondeur, et surtout pour comprendre la nature de la connaissance qu’elles offrent. Le matériel de travail de la psychanalyse, la psyché humaine, de par sa phénoménale complexité, permet beaucoup moins la création de « faits avérés » que dans les sciences dites « exactes ». 

La connaissance psychanalytique est axée sur des modèles de fonctionnement psychique, qui s’appuient assurément sur de très nombreuses observations cliniques, mais sont toujours sujets à révision. Ces modèles ne doivent absolument pas être réifiés (transposés dans des objets concrets), tort parfois commis par ceux qui ne peuvent pas supporter l’incertitude inhérente à beaucoup de domaines dans la vie et veulent à tout prix établir des « vérités » absolues qui les rassureraient. Ainsi donc, les analystes s’adressent aux patients presque toujours sous la forme d’hypothèses, qui ouvrent le champ de la pensée, et qui peuvent être confirmées ou infirmées par les associations du patient. 

Le savoir psychanalytique demande une articulation intelligente et subtile de deux domaines de connaissances : a), l’intuition clinique des processus inconscients qui ne fonctionnent pas selon les règles de la logique ; et b), la capacité à traduire ces intuitions en un langage susceptible d’être compris par le patient, et débattu rationnellement au sein des réunions scientifiques. 

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Psychanalyse à Madrid, Psychanalyste à Madrid, Psychologue à Madrid

Commentaires sur cet article (1)

Marie

14/05/2020 06:58h

Excellente vision de cette discipline. Tout y est. Le psychanalyste doit autoriser le doute les questionnements louverture lanalysant doit tre autorisé se poser dans son inconscient et lui donner existence pour mieux comprendre ce monde intérieur complexe et si vivant.

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