La psychanalyse crée-t-elle une dépendance ?

La psychanalyse crée-t-elle une dépendance ?

Non et oui. Pour répondre à cette question nous devons rétrocéder un peu à comment les êtres humains sont faits et à nos capacités adaptives.

Le besoin des liens

Les êtres humains sont des primates et en tant que tel nous sommes des animaux éminemment sociaux qui ont besoin d’établir des liens forts. Le premier de ces liens s’appelle l’attachement et il est établi avec la figure principale de soins, généralement la mère. Pour qu’il puisse se développer de manière saine, le bébé/enfant humain a besoin de sentir qu’il peut dépendre intensément et en toute sécurité de quelqu’un. Si ce lien n’est pas établi, ou bien s’il est établi de manière irrégulière ou incertaine, le développement de l’être humain sera altéré.

Dans les primates, les chercheurs ont observé que plus l’espèce est proche de l’être humain plus le besoin de ce type de lien grandi. Les ethnologues ont découvert, par exemple, que les chimpanzés peuvent être « élevés » par une figure faite de fil de fer et recouverte par un tissu qui les nourris avec un biberon mais les bonobos, notre parent génétique le plus proche, meurent s’ils n’ont pas de contact physique avec une figure de soins vivante. En 1956 un chercheur autrichien-américan, René Spitz, publia un livre « De la naissance à la parole : la Première année de la vie » dans lequel il décrivait un syndrome appelé hôpitalisme où des bébés humain orphelins avaient tous les soins physiques nécessaires (abri, alimentation, hygiène, etc.) mais ils n’avait pas l’opportunité d’établir un lien proche avec quelqu’un. Ces bébés se repliaient de plus en plus sur eux-mêmes et souvent ils ne survivaient pas.

Le résultat del liens insuffisants

Ceux-ci sont les cas les plus extrêmes. Dans les cas moins extrêmes, les êtres humains possèdent une capacité qui les différencie des autres primates et qui les permet de survivre : leur extraordinaire adaptivité. Les êtres humains sont capables de s’adapter à de nombreuse situations différentes, même celles qui sont très préjudiciables, afin de survivre. Aussi, il est possible que le premier lien d’attachement ne se soit pas établi solidement mais l’enfant arrive à survivre parce que il trouve des manières de se défendre du besoin que ce manque laisse en lui.

En général, les manières qu’il trouvera pour se défendre entraînent l’éloignement de ces relations frustrantes pour qu’il puisse se protéger d’avoir besoin de quelqu’un qui ne parvient pas à le satisfaire. Paradoxalement, en faisant cela, l’enfant se protège mais, à la fois, il se prive de ce dont il a précisément le plus besoin. Quand il deviendra un adulte il aura besoin et craindra la dépendance avec la même intensité, ce qui compliquera notablement ses relations avec les autres.

Les conséquences en psychanalyse

 Nous pouvons maintenant répondre à la question initiale. Pour quelqu’un dont les besoins d’attachement/dépendance ont été suffisamment satisfaits pendant son enfance le fait d’entamer une psychothérapie ou une psychanalyse ne provoquera pas de dépendance notable. Le besoin d’aide ne sera pas vécu de façon angoissante et la personne pourra se lier avec le médecin en toute confiance, sachant que le besoin ne durera pas plus de temps que nécessaire.

En revanche, pour quelqu’un dont les besoins d’attachement/dépendance n’ont pas été suffisamment satisfaits entamer une psychothérapie ou une psychanalyse activera souvent l’intense besoin et la peur de la dépendance qui infuse toutes les relations de la personne. Ce n'est pas que la psychanalyse crée une dépendance mais plutôt que le cadre thérapeutique facilite l'apparition de la dépendance chez les personnes pour qui c'est une difficulté centrale.

Le fait que cette peur et ce besoin puissent apparaître dans la relation thérapeutique est en fait fort utile pour le patient et le psychanalyste car ça leur permettra de travailler là-dessus d'une manière très réel et direct à mesure que ça se manifeste et ainsi pouvoir le résoudre.

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