Qu'est-ce que la santé mentale ?

Qu'est-ce que la santé mentale ?

Actuellement l’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé mentale comme : « Un état de bien-être dans lequel l’individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions ordinaires de la vie, et est capable de contribuer à sa communauté. »

Aimer, Travailler et Jouer

Comment arrive-t-on, alors, à cet état de bien-être ? La célèbre définition de Freud de la santé mentale comme la capacité d’aimer, de travailler et de jouer continue à être absolument valable.

La capacité d’aimer se réfère à la possibilité d’établir des relations authentiques et intimes avec d’autres personnes où l’on puisse donner et recevoir de l’affection sans en avoir trop peur. La capacité de travailler se réfère à la possibilité de se sentir génératif, de sentir que ce que l’on fait a du sens, d’avoir une certaine fierté à accomplir ses tâches. La capacité de jouer se réfère à la possibilité de profiter de l’activité symbolique, à quelque niveau que ce soit, et de pouvoir le partager avec d’autres personnes.

La Santé Mentale en Détaille

Les psychanalystes à Madrid divisent ces trois grandes catégories en 12 autres catégories plus détaillées du fonctionnement psychique. Il faut comprendre que ces catégories sont dimensionnelles, interconnectées et que des personnes différentes auront plus d’une que d’une autre.

Attachement sécure aux autres

L’attachement sécure est la capacité de se séparer des autres sans trop de difficultés et de profiter de la rencontre avec eux. Cela à voir avec une confiance de base dans les autres et une sensation générale de sécurité. Les individus qui ont un attachement sécure se sentent renforcés intérieurement par les bons liens qu’il ont avec des personnes importantes pour eux et ils peuvent supporter les absences et les rencontres sans trop d’angoisse ou de tristesse. Quand cette capacité n’a pas pu être constituée, l’individu maintiendra des liens collants, insécures ou bien désorganisés et il sentira une peur diffuse et généralisée.

Autonomie

L’autonomie se réfère à une sensation d’efficacité, de pouvoir décider, au moins en partie, dans quelle direction va notre vie, pouvant assumer des décisions qui ne sont pas nécessairement celles que d’autres individus prendraient. C’est la différence entre sentir que l’on a des options ou pas, sentir que l’on a la liberté intérieure suffisante pour choisir en fonction de nos critères. Bien entendu, tout ne dépend pas des critères personnels et il y a des éléments de normes culturelles avec lesquelles chaque individu devra composer. Si la capacité d’autonomie n’est pas constituée, l’individu ne saura pas pourquoi il fait les choses qu’il fait, ou bien il fera des choses qu’il ne veut pas faire, seulement pour plaire aux autres.

Identité intégrée

Ceci se réfère à la capacité de pouvoir resentir plusieurs choses différentes ––bonnes et mauvaises, par exemple–– envers soi-même, d’autres personnes ou bien une situation, les voir de façon tridimensionnelle et pouvoir maintenir cette vision. L’élément temporel est aussi important : avoir une conscience intégrée de comment on était dans le passé, comment on est actuellement et ce qu’on pourrait devenir. Ceci comprend la conscience intégrée des événements de la vie dans le passage du temps. Si l’identité n’a pas pu s’intégrer, l’individu vivra les événements de sa vie, la personnalité des autres et la sienne de façon morcelée avec des changements extrêmes de perception, sans continuité ni nuances.

Résilience

La résilience est une force interne qui permet de surmonter une expérience traumatique et y trouver une réponse adaptée sans s’effondrer complètement. Cela implique la capacité, pour ainsi dire, d’encaisser les coups inévitables de la vie et de se remettre debout. Pour la décrire on utilise souvent la métaphore d’un jonc qui est solidement enraciné dans la terre, qui se plie quand arrive un vent fort, et qui se redresse après. À un niveau plus spécifique, il existe de notables différences culturelles face aux réponses habituelles à l’échec : certaines cultures le vivent dramatiquement et s’y attardent tandis que d’autres mettent l’accent sur la nécessité de réessayer. Quand il lui manque une certaine résilience l’individu tendra à régresser excessivement à des formes de fonctionnement mentales plus primitives, agira de manière peu adaptée ou bien tombera malade. 

Estime de soi réaliste et fiable

L’estime de soi réaliste est la capacité de se voir et de s’apprécier dans la mesure juste de ce que l’on est, sans être excessivement dur avec soi-même ni non plus tomber dans l’autocomplaisance, pouvant reconnaître ses points forts et faibles de manière constante. Cela implique une certaine tolérance pour ses propres limitations, pouvoir en rire, et aussi avoir confiance dans sa propre compétence en certaines matières. L’estime de soi tendra à se consolider au fur et à mesure que l’individu maintien de bons liens avec les autres et s’efforce vers ce à quoi il aspire (à condition que ses aspirations soient réalistes et possibles). Quand l’estime de soi n’est pas bien enracinée, la conséquence la plus fréquente est que l’individu aura une très basse estime de lui-même mais, à la fois, et plus subtilement, il survalorisera d’autres aspects de sa pérsonnalité.

Valeurs durables

Les valeurs impliquent un sens personnel de l’éthique, une morale qui guide dans une certaine mesure les actes de l’individu qui sent qu’il agit avec intégrité. Naturellement, cet élément dépend fortement des contextes socioculturels qui encourageront certaines valeurs plus que d’autres. Cet aspect de la santé mentale est intimement lié à l’estime de soi car la conscience morale interne de l’individu sain le récompensera quand il agit en accord avec son éthique et le fera souffrir quand il ne le fait pas. D’une perspective sociale, c’est une espèce de régulateur interne qui permet aux êtres humains de vivre en société. Si un individu manque de valeurs il agira exclusivement pour son propre bénéfice (ce qui, paradoxalement, est généralement peu bénéfique à long terme), il ne tendra pas en compte les autres et il leur fera du mal. Ces individus sont, à la fois, ceux qui perçoivent le moins leur besoin d’aide. 

Régulation et tolérance d’affects et de pensées

Ceci se réfère à la capacité de sentir et de penser une large gamme d’émotions et de pensées sans peur ni non plus le besoin d'agir immédiatement. C’est un fait constitutif des êtres humains qu’ils sentent et pensent beaucoup plus de choses que ce qu’ils font ––souvent aux niveaux sexuels ou bien agressifs–– et qu’ils peuvent être parfois tristes ou angoissés. Il est important d’avoir suffisamment d’espace intérieur pour pouvoir sentir et penser ce qu’on produit, avoir la liberté intérieure de l’élaborer et de décider si cela s’exprime ou pas. Quand cette capacité manque, les possibilités de sentir et de penser seront fortement limitées par la peur de ce qui pourrait arriver si on pensait ou resentait telle chose.

Introspection

L’introspection est la capacité de se comprendre et de saisir les motifs pour lesquels on sent, on pense ou on agit d’une certaine façon. Cela permet à l’individu de se connaître suffisamment pour qu’il puisse diriger sa vie dans une direction bénéfique pour lui et éviter les situations qui lui nuisent. Cette capacité concrète n’est pas nécessairement présente chez toutes les personnes qui jouissent d’une bonne santé mentale, mais elle le sera certainement chez les individus qui ont entrepris un traitement d’ordre psychanalytique puisque l’introspection constitue une condition sine qua non du changement psychique.

Mentalisation

La mentalisation est une capacité d’apprécier que les autres sont des êtres distincts de soi-même, avec des esprits entièrement différents des nôtres. Cela implique pouvoir comprendre comment les autres fonctionnent et de se rendre compte qu’ils peuvent agir pour des motifs qui n’ont rien à voir avec soi. La mentalisation peut se concevoir comme une activité mentale imaginative avec laquelle on perçoit et interprète les comportements de l’autre en fonction d’états mentaux intentionnels qui le poussent dans une direction déterminée (nécessités, besoins, croyances, objectifs, etc.). Si la capacité de mentalisation n’a pas pu se former, l’individu aura du mal à comprendre les autres et tendra à penser que tout ce qu’ils font a à voir avec lui.

Flexibilité des défenses

La flexibilité des défenses est la capacité d’utiliser une large gamme de mécanismes de défenses psychique face à des situations différentes en fonction des besoins du moment. Les mécanismes de défenses sont nécessaires pour protéger l’individu de certains contenus mentaux intolérables qui apparaissent inévitablement au cours de la vie. En revanche, chaque situation est différente et mérite une réponse adaptée, préférablement celle qui résout la difficulté avec le minimum d’énergie nécessaire et qui déformerait la réalité le moins possible. L’usage systématique et excessif de la même défense donnera lieu à un appauvrissement de la personnalité et l’individu répondra rigidement et de la même façon à toute situation menaçante.

Relation-séparation

Ceci se réfère à la capacité d’être profondément proche de quelqu’un et aussi de pouvoir être seul. La plupart des gens tend à être plus proche d’un pôle que de l’autre, mais ce qui est important est de pouvoir bouger entre les deux. Les êtres humains sont profondément sociaux et ils ont besoin du contact avec les autres pour pouvoir fonctionner émotionnellement ; toutefois, un autre besoin intrinsèque des être humains est de maintenir une certaine individualité et pour y parvenir il doivent pouvoir se séparer un peu. Ceci demande un équilibre dynamique d’aller-retour en fonction des circonstances concrètes de la vie du moment. Il y aura des moments plus relationels et d’autres plus individuels. Quand un individu a du mal a se mouvoir dans cet équilibre dynamique il n’arrivera pas à se séparer des autres ou bien il sera seul tout le temps.

Capacité de deuil

La capacité de deuil consiste à pouvoir accepter les choses qui ne peuvent pas être changées (soit des personnes qu’on a perdues, soit des désirs irréalisables), pouvoir en faire son deuil et, plus tard, retrouver d'autres attachements. Bien qu'une attitude de lutte pour essayer de changer les choses est très adaptée, il est tout aussi nécessaire de savoir renoncer à ce qui ne peut pas être –– le contraire entraîne la frustration et une usure inutile d’énergie. La vie est, de façon inhérente, pleine de deuils à mesure que les individus passent d’une étape à l’autre et perdent et gagnent des relations. Au début de la vie les deuils sont généralement plus faciles à faire puisque ce que l’on perd est perçu comme moins précieux que ce que l’on gagne. Au fur et à mesure que le temps passe les deuils sont plus importants ; pour pouvoir les surmonter, il est important aussi d’avoir pu s’enrichir émotionnellement auparavant.

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