Une brève psychologie de l’estime de soi

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(0) 03/09/2014 15:41h
Psychologie de l'estime de soi

Qu’est-ce que l’estime de soi ?
 
L’estime de soi n’est qu’un mot technique pour parler de ce que l’on appelle habituellement l’amour-propre. Si nous l’examinons, nous verrons que l’estime de soi émane de la capacité de s’apprécier à sa juste valeur, de savoir identifier ses points forts et ses points faibles, et de pouvoir être raisonnablement fier de ceux-là à et tolérant de ceux-ci.  Par conséquent, cela implique pouvoir aimer ce que l’on est vraiment, de façon stable.
 
L’estime de soi découle, également, de la possibilité d’atteindre ses objectifs, à condition qu’ils soient possibles et motivants, et non pas impossibles et écrasants. Pour pouvoir se sentir bien avec soi-même l’écart entre ce que l’on est et ce que l’on voudrait être doit être stimulant, pas infranchissable.  De là viennent les phrases telles que « où mettre la barre » ou bien « être à la hauteur ». Si la barre est trop haute, elle n’est qu’une source de frustration constante, si elle est trop basse c’est l’ennui qui prend le dessus.
 
Quand l’estime de soi est endommagée, le sujet ne peut pas s’accepter, et n’arrive pas à s’aimer tel qu’il est. Il tendra aussi à porter un jugement très sévère sur lui-même, ce qui rabaissera d’autant plus son estime de soi, d’où résultera le cercle vicieux dans lequel se trouvent beaucoup de personnes qui souffrent de ce genre de troubles.
 
Quelles sont les sources de l’estime de soi ?
 
L’estime de soi a quatre sources différentes qui se succèdent dans le développement et qui s’imbriquent intimement une fois que la personne a atteint l’âge adulte.
 
La première source est la plus incertaine de tous car nous n’avons pas les moyens de la vérifier empiriquement ; néanmoins, elle est hypothétisée à partir de l’observation des fantasmes les plus primitifs chez des patients adultes. Nous considérons que chez tout petit bébé il existe une étape d’autosatisfaction et de complétude absolues où, pour le dire en des termes simples, le bébé est parfaitement content de lui-même et se trouve immergé dans une béatitude indifférenciée dont il se sent le centre et le créateur. Cet état ne peut pas se maintenir, évidemment, sans la participation très active d’une figure principale de soins qui fournit un contexte suffisamment satisfaisant pour le bébé, mais il ne s’en rende pas tout à fait compte. 

Cette figure de soins nous mène à la deuxième source qui est l’investissement massif d’amour que les parents normaux font dans leur bébé ; en l’aimant tellement ils remplissent les réserves d’amour-propre du bébé et lui fournissent un capital de tendresse dont il sera bien loti toute sa vie. Il est important de noter que ce premier amour parental massif est, pour un observateur externe, disproportionné à la réalité du bébé mais il est tout à fait normal et nécessaire qu’il en soit ainsi au début. Nous avons tous besoin d’être « sa majesté le bébé » un certain temps.

Petit à petit, à mesure que l’enfant grandit, cet amour énorme et indifférencié des parents se modifiera en fonction du comportement de l’enfant. En apprenant à l’enfant les normes et les aspirations de la famille et de la société (adaptées à son âge), les parents lui montrent, délicatement et fermement, le chemin pour être aimable et acceptable. Cela implique que l’enfant devra renoncer à pouvoir faire tout ce qu’il veut, quand il le souhaite, s’il veut être aimé par ses parents et par les autres. Cet apprentissage débouche sur l’intériorisation des normes et des aspirations qui se cristallisent en formant une conscience morale. Cette conscience morale récompense une bonne conduite avec un sentiment intérieur de fierté méritée, et elle punit une mauvaise conduite avec un sentiment intérieur de culpabilité ou de honte. Ceci est l’aboutissement de la troisième source, qui est, donc, fondamentalement intérieur.

La quatrième source est la plus visible de toutes, puisqu’elle est principalement extérieure, et elle relève de la reconnaissance que l’individu adulte reçoit des autres. En agissant de telle façon qu’il fait ce qui est valorisé par son entourage, l’individu recevra des marques de reconnaissance des autres qui contribueront à son estime de soi. Quand il existe des défauts d’estime de soi cette quatrième source sera la plus utilisée pour essayer de combler le manque.

Les troubles de l’estime de soi
 
Les troubles de l’estime de soi proviennent d’un trauma lors de la constitution d’une de ces sources. Plus le trauma est précoce, plus graves en seront les conséquences. Les traumas peuvent être provoqués soit par un excès soit par une carence, peuvent être soudains et massifs, mais ils peuvent être aussi petits et accumulatifs. 

Les psychologues et d’autres professionnels de la santé mentale observent que les troubles de l’estime de soi sont, depuis plusieurs décennies, de plus en plus fréquents. Ils se manifestent au niveau émotionnel par un manque de confiance en soi, des sentiments d’infériorité, un affect dépressif (souvent inconscient), certaines inhibitions, et la comparaison constante avec les autres. Dans le domaine corporel, ils se manifestent bruyamment par tous les troubles alimentaires et de non-acceptation du corps ––si fréquents de nos temps–– tels que l’anorexie, la boulimie, la vigorexie et les interventions de chirurgie cosmétique. 

Comme les troubles de l’estime de soi sont particulièrement douloureux émotionnellement, ils sont souvent accompagnés de comportements compensatoires qui essayent de réduire le sentiment cuisant de manque ou d’échec. Toutes les manifestations corporelles que nous venons de mentionner sont des comportements compensatoires d’une manière ou d’une autre. Dans le domaine émotionnel, la compensation se manifeste le plus souvent en affichant un sentiment de supériorité évident ou secret, le mépris des autres, l’accumulation des richesses, une extrême compétitivité, etcetera. Malheureusement, les efforts compensatoires ne fonctionnent que de manière provisionnelle et demandent d’être renouvelés constamment pour soutenir l’équilibre fragile dans lequel l’individu vit. 

Les troubles de l’estime de soi entraînent, aussi, comme une marque identificatoire, un besoin péremptoire et indiscriminé de plaire aux autres, ce qui compromet sérieusement la liberté de l’individu. Sentir que l’on doit plaire à tout le monde tout le temps ––ou que l’on doit plaire énormément–– est non seulement voué a l’échec, mais cela rend impossible de s’occuper de soi-même car le sujet se trouve enferré dans ce qu’il croit être les désirs des autres. L’identité authentique de l’individu devient otage du besoin constant de se mouler aux autres et cela occasionne fréquemment un sentiment d’épuisement chronique et de fausseté. 

Une telle précarité émotionnelle explique que se sont souvent des personnes extrêmement sensibles aux réactions des autres, ce qui parfois leur bénéficie, mais plus souvent elles tendent à exagérer, à leur insu, l’importance de ce qu’elles perçoivent chez les autres.

Naturellement tout cela est une question de quantité : bien entendu, nous souhaitons tous plaire aux autres et nous faisons tous certains efforts d’adaptation aux autres –– du reste, le bon fonctionnement des relations personnelles et de la société reposent là-dessus. Les difficultés n’apparaissent que quand cela devient excessif. 

Un aspect du traitement des troubles de l’estime de soi
 
Les personnes qui souffrent de difficultés dans leur estime d’elles-mêmes se sentent, conscientement ou pas, profondément blessées et ce sont ces blessures qui sont à l’origine de leur grande sensibilité. Quant au psychologue, son intervention doit comporter d’autant plus de tact et de délicatesse de ce qu’il fait normalement afin de ne pas provoquer de nouvelles blessures. Il devra pouvoir créer un contexte thérapeutique profondément contenant où le/la patient(e) se sentira en toute sécurité pour aborder des blessures douloureuses et commencer le travail de guérison.

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Psychologue à Madrid

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