Les phobies : diagnostic, étiologie et traitement

Le diagnostic d’une phobie est généralement assez clair. Une phobie est une peurirrationnelle d’objets, d’animaux, de situations ou d’espaces qui ne présentent aucun danger objectif.
On a peur de quelque chose d’objectivement dangereux ––un lion, par exemple–– mais on a une phobie de quelque chose d’objectivement inoffensif, une souris. La phobie ne provient pas de l’objet phobique en soi, sinon de ce que cet objet éveille dans l’esprit de celui qui en souffre.
Les phobies sont une manière très efficace dont dispose l’appareil psychique pour se défaire d’une angoisse interne qui afflige le sujet. Au lieu de sentir le danger de l’angoisse à l’intérieur de soi-même, une phobie permet de situer l’objet angoissant à l’extérieur de l’individu, là où il peut être évité.
Par exemple : un individu très angoissé par sa propre agressivité peut développer une phobie des chiens, sur lesquels il transfère l’idée de son agressivité. Alors il évite les chiens, se libérant ainsi de son angoisse. La peur de soi-même s’est transformée en une peur d’autre chose, qui peut être évitée. Inutile de rappeler que tout cela se passe inconsciemment, il n’y a aucune intentionnalité consciente dans la création d’un symptôme phobique.
Précisément, grâce à cette qualité qu’ont les phobies de situer le danger à l’extérieur de soi-même, beaucoup de personnes peuvent vivre avec leurs phobies sans problèmes majeurs puisqu’ils évitent, tout simplement, l’objet phobique et ainsi l’angoisse.
En revanche, la situation se complique quand l’évitement de l’objet phobique commence à restreindre sérieusement la liberté de l’individu. D’autant plus qu’il est assez fréquent que les objets phobiques de multiplient et se diversifient jusqu’à envahir progressivement la vie de l’individu, limitant de plus en plus ses possibilités d’évoluer.
Il est nécessaire de différencier plusieurs types de phobies. La phobie d’un objet, d’un animal ou d’une activité concrète provient d’un fonctionnement mental différent d’une claustrophobie ou qu’une agoraphobie. Les premières sont d’un ordre beaucoup plus spécifique, où les angoisses en jeu relèvent de situations relationnelles bien délimitées. Les deuxièmes traduisent plutôt, en général, une menace du sentiment d’être soi-même, de l’identité, et elles sont liées à des angoisses plus archaïques dans le développement humain. Les phobies sociales se situent entre les deux, et elles sont fréquemment dues à un mécanisme à travers lequel le sujet qui en souffre attribue aux autres une partie très critique de lui-même.
Alors, comment se développe une phobie ?
Une phobie est une création-symptôme qui demande un fonctionnement mental de haut niveau. Elle se développe parce qu’une représentation mentale (une idée de soi-même, ou bien de soi-même en relation aux autres) provoque trop d’angoisse et ne peut être tolérée dans la conscience. Cette représentation est refoulée et envoyée à l’inconscient où l’affect qui correspond à la représentation est déplacé symboliquement sur une autre représentation, l’objet phobique, qui se trouve à l’extérieur du sujet, loin de la représentation originale.
Cela est sans doute un peu technique. Développons, donc, notre exemple précédent : imaginons un individu qui ressent une vive angoisse lorsqu’il prend conscience de son agressivité en certaines situations. Comme il ne peut pas supporter cette angoisse, il refoule l’idée de son agressivité pour ne pas en être conscient, et il déplace l’angoisse ressentie sur les chiens, qui se prêtent symboliquement à l’idée d’une agressivité orale. De cette façon ce sont les chiens qui sont agressifs et qui provoquent de l’angoisse, et non pas l’individu, qui peut ainsi se libérer de l’angoisse en évitant les chiens.
L’étiologie
Alors que certains chercheurs ont proposé des hypothèses sur l’étiologie des symptômes psychiques, nous devons reconnaître humblement que, pour le moment, nous ne savons pas exactement quelle configuration de facteurs internes et externes conduit à la production de symptômes spécifiques dans tous les cas. Dans certains cas concrets il est possible de suivre la trace de la création d’un symptôme, mais il n’est pas possible d’affirmer que toutes les phobies proviennent toujours de la même conjonction de facteurs.
Il existe toutefois des situations qui tendent à favoriser une pathologie plutôt qu’une autre, plus légère ou plus grave, et s’il est certain que la présence de traumatismes importants dans la petite enfance augmente significativement le risque de pathologies graves, cela n’est absolument pas garanti : certains individus sont extraordinairement résilients et ils arrivent à s’organiser psychiquement dans des situations qui abattraient d’autres personnes, et vice-versa. À cela s’ajoute que la même situation traumatique (réelle et/ou fantasmée) peut aboutir sur des symptômes très différents chez des personnes différentes.
Le traitement
Un traitement spécifiquement psychanalytique de la phobie n’existe pas car la phobie n’est qu’un symptôme dans une structure mentale très complexe. L’appareil mental n’est pas fait de compartiments étanches que l’on pourrait extraire, réparer et remettre à leur place sans rien toucher d’autre –– tout est inextricablement connecté, et l’on ne peut pas agir sur une partie de l’esprit sans que cela affecte tout le reste.
Un traitement psychanalytique, motivé par une phobie ou un autre symptôme, entreprendra l’exploration ––profonde et délicate–– de toute la personnalité inconsciente du sujet. Cette exploration, dans le cas d’une phobie, amènera le patient à trouver la représentation originale de l’affect phobique ; petit à petit, la représentation et l’affect pourront être liés dans un contexte où ils peuvent être tolérés ––le cadre thérapeutique–– et leur perlaboration les rendra moins anxiogènes.
Il est important de rappeler que les symptômes ne sont qu’une petite partie de l’expression de la personnalité d’un individu. Ainsi il est probable qu’au long d’un traitement, outre la disparition des symptômes, d’autres domaines de la vie de la personne se modifieront de manière bénéfique.
Commentaires sur cet article (1)
Edouard
03/02/2016 11:25h
Bonjour Que pensez-vous de lEFT pour diminuer les émotions face aux phobies et toutes peurs en tout genre faisant partie de notre conditionnement